La municipalité aurait-elle des ambitions d’agent et de promoteur immobilier ? La question peu se poser car après la vente au privé de deux terrains appartenant à la commune lors du précédent conseil municipal, elle vient de décider d’acheter l’immeuble de l’ancienne boulangerie « Lopez » au bas du Cours dans le secteur « Barriot/Saint Roch » et de l’aménager pour le transformer en restaurant… privé. Un ami à placer? Il en coûtera au bas mot aux mormoironnais la modique somme de 50 000€ cette année.
Cette année c’est 50 000€ mais ce n’est pas la totalité de l’opération car la décision d’acheter l’ancienne boulangerie – qui remonte au conseil municipal du 12 décembre 2018 – coûtera à la collectivité 300 000 €. L’opération a donc nécessité le recours à l’emprunt (frais d’acquisition 245 000 € et aménagement 50 000€).
Bis-repetita place du clos avec un local municipal qui sera donné en gérance à un boucher-traiteur. Dans cette opération, la municipalité mettra encore une fois la main à la poche pour son aménagement. Un local non pas loué mais donné en gérance selon les propos du maire. Autrement dit la municipalité devient bouchère en titre tout comme elle est déjà détentrice d’une licence de débit de boissons place de la liberté. Le coût de cette opération n’est pas rendu public à ce jour.
La municipalité va louer encore un autre local municipal sur la place du Clos à un commerçant en vélos. L’histoire ne dit pas si la commune mettra, là encore, la main à la poche. Ni comment la transaction s’est opérée.
Des interrogations et pistes d’amélioration
Plusieurs remarques se font jour : le rôle d’une municipalité est-il d’acquérir des biens immobiliers pour les céder à des initiatives privées ou bien pour répondre à des besoins publics dont elle garde la maîtrise? le rôle d’une municipalité est-il de supporter des coûts d’aménagement de locaux municipaux pour les mettre à disposition d’initiatives privées? et avec quelle contre-partie et prise de risques? comment se réalisent de telles transactions, avec une commission officielle publique d’appel d’offres ou bien entre amis?
Ne serait-il pas plus judicieux d’élaborer avec la population un véritable plan maîtrisé de revitalisation du village en lieu et place d’opérations ponctuelles aléatoires? d’opter pour une démarche volontariste de soutien à la réhabilitation des bâtis et rues en déshérence par des demandes d’aides au fonds publics européens-nationaux-régionaux dans le cadre d’un projet global impliquant aussi les associations locales, la programmation culturelle et sportive, les artisans locaux?
Le futur Plan Local d’Urbanisme : une opportunité
Autant de possibilités qui, souhaitons-le, pourraient s’inscrire dans le Plan Local d’Urbanisme (ex Plan d’Occupation des Sols) qui va être prochainement élaboré sur Mormoiron et qui ne pourra pas faire l’impasse sur le contexte de dérèglement climatique, les risques d’inondabilité, la nécessaire relocalisation d’activités, la renonciation à l’étalement urbain et à l’artificialisation/imperméabilisation des sols. En clair : moins urbaniser et construire pour, au contraire, réhabiliter et loger tant les jeunes adultes et jeunes couples mormoironnais que les anciens et accueillir de nouveaux artisans et métiers au coeur du village.
Ne serait-il pas temps d’abandonner ainsi les pratiques « clientèlistes » et du coup par coup pour favoriser la vie démocratique locale et créer une dynamique et une attractivité de la commune. Et un désir d’y vivre et y travailler ?
Le débat mérite d’être ouvert.
Bientôt de la cohérence à Mormoiron ? souhaitons-le car une vision d’ensemble de la commune qui réponde aux besoins des habitants avec des équilibres de zonages (agriculture, espaces naturels, zone urbanisée, vie sociale, activités économiques… et autonomie énergétique) serait bienvenue.