Mormoiron compte 1 913habitants et 1 308 électeurs inscrits sur les listes électorales. La dominante de ces élections régionales au niveau local est que les électeurs ont grandement refusé de prendre part au vote en s’abstenant à plus de 55% soit 24% de plus d’abstention qu’aux précédentes élections de 2015. On n’avait jamais vu cela à Mormoiron où traditionnellement la participation est plus élevée que dans le reste du pays et du département (souvent proche ou au-delà des 80%).
Seule une minorité de Mormoironnais.es s’est déplacée, un peu plus de 44%, et sur ceux/celles-ci plus de 5% ont voté blanc ou nul faisant encore baisser les voix en faveur des candidats. L’abstention est encore plus élevées aux élections départementales : 59,74% auxquels s’ajoutent plus de 6% de blancs et de nuls.
Comme dans toute la France, en région PACA et dans le département de Vaucluse les mormoironnais.es se sont détourné.es d’un système électoral politicien de délégation de pouvoir perçu de moins en moins en prise avec la réalité de ce que vivent les gens, la population, les travailleurs.
Après plusieurs années d’un mouvement déterminé des « gilets jaunes », d’expression directe des aspirations et revendications, et de sa récupération politicienne par le pouvoir sous forme de « convention citoyenne » dont les résultats et propositions ont été en grande partie rejetées malgré les engagements présidentiels : s’affirme le rejet d’un système électoral non-proportionnel donc non-équitable, des mandats électifs portant aux manettes de décisions des élu-es sans que les électeurs.trices puissent les contrôler pendant plusieurs années ni puissent les révoquer, l’absence d’espace d’intervention possible des citoyens ayant un impact réel sur le cour de la vie collective sauf à s’impliquer dans les partis politiques de plus en plus perçus comme jouant un jeu de dupes orienté sur la conquête de places de pouvoir et d’émoluments que comme instrument de transformation et de changements.
Les élu.es qui sortiront de ces élections grandement boudées par la population (même si au deuxième tour une participation majorée pourrait se faire jour) seront donc mathématiquement et démocratiquement illégitimes. Une autre bonne nouvelle aussi : la démocratie ne se résume pas à des élections surtout peu démocratiques. La dynamique démocratique nécessite d’être nourrie en permanence par l’implication du peuple lui-même en train de construire son présent et son devenir hors de tout pouvoir délégué.
A Mormoiron la population se compose de 32,61 % de jeunes (moins de 30 ans), de 55,29 % de personnes de 30 à 59 ans et de 31,53 % de personnes âgées de 60 ans et plus. Les premiers et les deuxièmes ont très peu voté. Les troisièmes, en revanche, se sont plus déplacés.
Le revenu fiscal annuel de référence des foyers fiscaux imposables à Mormoiron est estimé à 51 188 euros. Bien loin de la majorité des mormoironnais.es de moins de 59 ans, témoignant ainsi d’un creusement des inégalités sociales, de revenus et des injustices. Les plus riches s’enrichissent encore plus, les moins riches se paupérisent toujours plus. Les professions des candidats témoignent grandement de cet écart social entre les couches populaires et les nantis.
Avec un taux de chômage de 16,11 %, Mormoiron est au dessus des 10,90 % de la moyenne nationale.
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>>> Résultats des « Régionales » à Mormoiron (1 308inscrits)
Abstentionnistes : 724 soit 55.35% des inscrits (en 2015: 36,74%)
Votants : 584 votants soit 44.65% des inscrits
(en 2015: 823 votants soit 63,26% des inscrits)
Votes blancs : 14 votants soit 2.4% des inscrits (en 2015 : 2,43%)
Votes nuls : 17 votants soit 3,08% des votes exprimés (en 2015 : 1,34%)
Exprimés : 570 votants soit 42.25% des inscrits
LRN – Rassemblement National : 199 voix soit 15.21% des inscrits ou 36.05 % des votants (Vaucluse : 40,47% – 54 133 voix + Debout la France : 2,31% – 3 092 voix)
(en 2015 : 341 voix soit 43,06% des votants + Debout la France : 5 voix soit 0,63% des votants)
LR – Les Républicains 148 voix soit 11.31% des inscrits ou 26.81 % des votants
(en 2015 : 126 voix soit 15,91% des votants)
en Vaucluse : 26,12% – 34 931 voix
EELV+alliès sans LFI : 122 voix soit 9.32% des inscrits ou 22.1 % des votants
(en 2015 : PS: 166 voix soit 20,96% des votants + EELV+PCF+LFI : 82 voix soit 10,35% des votants)
en Vaucluse : 17,95% -24 014 voix
Centriste écologie : 45 voix soit 3.44% des inscrits ou 8,15% des votants.
(en 2015 : 38 voix soit 4,80% des votants + UPR : 4 voix soit 0,51% des votants)
en Vaucluse : 5,45% – 7 285 voix
Lutte Ouvrière : 14 voix soit 1.07% des inscrits ou 2.54 % des votants.
(en 2015 : 8 voix soit 1,01% des votants)
en Vaucluse : 2,94% – 3 932 voix
Zou! – Ext-Droite souverainiste : 11 voix soit 0.84% des inscrits ou 1.99 % des votants (en 2015 : 15 voix soit 1,89% des votants)
en Vaucluse : 2,06% – 2 756 voix
Oui la Provence – Régionalistes : 6 voix soit 0.45% des inscrits ou 1.09 % des votants
(en 2015 : 7 voix soit 0,88% des votants)
en Vaucluse : 2,49% – 3 336 voix
Un Nôtre Monde – Divers : 1 voix soit 0.07% des inscrits ou 0.18 % des votants
en Vaucluse : 0,20% – 267 voix
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>>> Résultats des élections départementales à Mormoiron et dans le canton
Abstention: 59.74% . Participation : 44,88 % . Votes blancs : 4,43 % . Votes nuls : 2,04 %
PS – Raspail : 39,16 % (dans le canton : 26,67 %)
RN : 31,15 % (dans le canton : 32,25 %)
PCF : 11,48 % (dans le canton : 11,43 %)
Div Droite : 10,02 % (dans le canton : 15,92 %) –
Les Républicains – Aubert : 8,20 % (dans le canton : 13,73 %)
>>> Résultats des élections départementales sur l’ensemble du département de Vaucluse
Inscrits : 403 932 . Abstentions : 262 792 inscrits (65,00%) . Votants : 141 140 inscrits . (34,00%) . Blancs : 4 272 inscrits (1,00%) . Nuls : 2 363 inscrits ( 0.05%) . Exprimes : 134 505 inscrits (33,00%)
Extrême-droite
Binômes RN en Vaucluse : 32,70%
Droites
Binômes LR en Vaucluse : 12,60%
Binômes Droite Vaucluse : 9,32%
Binômes divers Union Droite en Vaucluse : 4,20%
Binômes divers Droite en Vaucluse : 3,04%
Binômes LREM en Vaucluse : 3,62%
Binômes Divers centre : 1,52%
Binômes Union Démocrates Indépendants : 0,76%
Gauches
Binômes Union Gauche en Vaucluse : 12,64%
Binômes divers Gauche en Vaucluse : 4,93%
Binômes PS en Vaucluse : 3,50%
Binômes union gauche et écologistes : 1,32%
Binômes du Parti communiste français : 0,91%
Binômes Extrême gauche : 0,14%
Centre et autre
Binôme écologiste : 1,76%
Binome divers en Vaucluse : 7,03%
Parmi la minorité des électeurs qui se sont déplacés pour voter le comportement électoral a été très conformiste en privilégiant le vote pour les partis traditionnels qui expriment historiquement les choix politiques et occupent une place exclusive dans les médias institutionnels. Les candidat.es et listes différentes ont été largement boudées du fait aussi de leur peu de notoriété, de moyens financiers et humains faibles pour se faire connaître non seulement lors des élections mais aussi sur la durée à longueur d’années.
C’est que la population française est actuellement prisonnière de la Constitution de la Ve République. Chacun regarde avec inquiétude ou terreur l’approche de ces présidentielles, « les pires de toute l’histoire de la Ve », car, quelles que soient les contorsions des uns ou des autres, tout est fait pour que le deuxième tour de celles-ci voie s’affronter Marine Macron et Emmanuel Le Pen, ou une autre alchimie, décidée en fonction des fluctuations de l’actualité mais porteuse d’un résultat similaire. Il n’y a pas de solution de rechange dans le cadre des institutions de la Veme Répoublique.
Par-delà toutes les déclarations et simagrées, le consensus politique actuel est de laisser la France inféodée à sa constitution bonapartiste, à l’Europe de Maastricht, à l’impérialisme américain, aux « lois du marché » et à la dictature économico-politique du capital international..
De son côté, la majorité de la population travailleuse a parfaitement compris qu’aucune solution à aucun de ses problèmes ne viendra de ces élections. Pour les travailleurs et les démocrates, la seule attitude qui puisse avoir un sens en 2022 sera de se ranger aux côtés des abstentionnistes. Toutefois, ce qui donnerait tout son poids à cette abstention, ce serait qu’elle soit active, pas passive. Qu’elle ne soit pas un geste désespéré d’aveu d’impuissance, mais un acte fort, volontaire, et ouvrant des perspectives. En d’autres termes, que, et ceci dès maintenant, une expression consciente, organisée et déterminée se fasse jour sous la forme d’un appel à l’abstention qui impliquera un rejet de la Constitution de la Ve République et de celle de l’Europe des banquiers.
N’oublions pas que l’histoire de l’humanité est l’histoire de la lutte des classes. Malgré tous les camouflages dont elle fait l’objet actuellement, c’est elle qui continue de sous-tendre tous les évènements mondiaux. L’effondrement de la Ve République est inéluctable.
Ces élu-es, comme les autres, sont illégitimes au vu des résultats du vote et ne représentent qu’une ultra-minorité du corps électoral français (comme le mentionne FranceInfo https://www.francetvinfo.fr/elections/abstention/infographie-abstention-delga-muselier-wauquiez-les-vainqueurs-des-regionales-pas-si-bien-elus-que-ca_4681723.html et le tableau ci-dessous)
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Depuis des décennies, des siècles, la classe politique nous demande de la légitimer par le vote. Il faut voter, encore voter, toujours voter. Cela serait, selon toute vraisemblance, la seule façon de s’exprimer et d’agir.
L’alternative est de mettre le pouvoir non seulement à mal, mais surtout de côté car, par expérience de génération en génération, chacun peu s’apercevoir que le pouvoir corrompt et , comme le disait Louise Michel, est maudit. Maudit, car même avec les meilleures intentions, les dérives rapides d’autocratie émergent dès qu’une personne persuadée d’être dans le vrai abandonne le collectif au profit de « son intuition ». C’est pourquoi l’option de substitution est le consensus, des mandats courts et impératifs (donc contrôlables en permanence) et le refus de parvenir (à un poste, une situation, une reconnaissance sociale,…) , qui ne peuvent qu’éviter l’incarnation magique de la solution dans une sauveuse, un sauveur suprême, mais bien remettre dans les mains de toutes et tous nos destins.
Le vote est le choix de l’abdication de liberté et de pouvoir dans et sur nos vies. Les votants les délèguent à une instance « supérieure » à nous et font aussi le choix du plus petit dénominateur commun. Autrement dit, le pire du moins pire en permanence.