Depuis des années, les pratiques chimiques agricoles toxiques (pesticides, herbicides, fongicides) ont conduit à la pollution de l’aquifère de la zone de Mormoiron-Bedoin dans laquelle est prélevée l’eau potable pour la population. Les autres ressources en eau de même type de la région Paca qui s’étirent sous terre sur plus de 1000km2, tels les bassins du Miocène (datant de 23 à 5 millions d’années) de Valréas au nord du Vaucluse et de Carpentras au sud sont également atteints.

Pour établir le triste bilan précis de la situation dégradée pour des centaines d’années (voire des milliers d’années) et tenter de retrouver une eau de qualité pour les 19 communes du piémont du Ventoux une étude géologique va être lancée par trois syndicats intercommunaux de l’eau de Vaucluse ainsi que certaines communes en régie municipale d’eau s’alimentant dans cet aquifère. Ce travail d’analyse devrait déboucher sur un  répertoire stricte de délimitation d’éventuels futurs captages. Dans notre département 35 communes au total, membres du « syndicat intercommunal Rhône-Ventoux » (1), sont concernées par l’étude (110 000 habitants ont consommé en 2021 : 4 375 000 m3 ).

Une précédente étude date de 2011 (déjà plus de dix ans). Elle avait identifié et caractérisé des zones prioritaires à préserver pour l’alimentation en eau potable des populations (2) et usages communs. Puis en 2017 une autre phase avait débouché sur le maintien des prélèvements existants en tentant d’activer une méthode afin de retrouver une eau de qualité pour cette ressource à l’équilibre fragile, tant quantitatif que qualitatif.

Objectif d’autant plus important que la nappe aquifère des sables ocres et blancs (3) génère aussi une présence de manganèse dans les eaux, renforcée par les effets du changement climatique et, notamment pour ces premiers mois de 2022, une pluviométrie insuffisante (il n’a pas plus au cours du premier trimestre). La nappe alluviale du Rhône, qui supplée, à la saison chaude, à la faiblesse de la nappe du miocène et aux ressources locales, est elle-même impactée négativement.

Il est certain que sans l’arrêt des usages toxiques et le retour à une pratique agricole naturelle et biologique la course pour la vie sera perdue. Dans cette vision, l’accompagnement technique et intellectuel des exploitants agricoles ne peut être omis.

__
(1) le syndicat (public intercommunal) Rhône-Ventoux est administré par un Comité syndical, composé de délégués élus par les communes et E.P.C.I. membres (deux délégués titulaires et deux délégués suppléants) dont Mormoiron. Il a délégué à l’entreprise privée Suez la gestion technique de l’eau potable et des assainissements collectifs et non-collectifs.
(2) pour un être humain, une consommation quotidienne minimale de 1,5 litre d’eau est nécessaire
(3) sites de captage des eaux potables appelé aussi champs captant des Sablons à Mormoiron