Devons-nous nous adapter, résister ou tenter d’échapper aux crises actuelles et à celles qui se profilent à l’horizon ? Un exemple entre mille : alors qu’une poignée de milliardaires dépensent leur fortune pour conquérir l’espace, des millions de Malgaches doivent affronter une redoutable famine causée par le dérèglement climatique. Nous ne sommes pas tous égaux face aux catastrophes. C’est aujourd’hui une évidence : la minorité d’ultra-privilégiés a décidé de faire sécession, laissant la majorité de l’humanité à son sort.
Désormais, pour faire face à la mutation écologique et à la contamination du monde, des gouvernements, cornaqués par des experts et des associations, mettent en œuvre des politiques de résilience. En France, avec le vote, le 20 juillet dernier, de la loi Climat et Résilience, comme au Japon, à la suite de l’accident nucléaire de Fukushima – toujours en cours –, la logique est partout la même. Pour le sociologue chercheur en sciences sociales au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) Thierry Ribault, qui a accordé un « Grand Entretien » à Sciences Critiques : l’Etat veut instituer les victimes en cogestionnaires du désastre. Plus radicalement, le sociologue estime que « la résilience transforme le vivant en une machine à souffrir et à encaisser les coups pour mieux rebondir« .
Plier ou rompre. La civilisation techno-industrielle place décidément l’homme moderne, ce « roseau pensant » (Blaise Pascal), devant un bien curieux dilemme…